• A quand un forum départemental de l'eau ?

    Après le Forum Mondial de l'Eau à Marseille, un forum départemental en Aveyron ? Ah qu'il est doux d'entendre des vérités proférées dans des colloques et devant les caméras (à plus fortes raisons du monde entier) mais combien il est frustrant de voir que leur réalisation peine à devenir effective au quotidien !

    Voila pourquoi il serait utile d'organiser un forum départemental, composé des acteurs locaux intervenant sur l'approvisionnement en eau potable, sur l'assainissement des eaux usées, sur la protection des milieux aquatiques et comprenant les différents usagers de l'eau (agriculteurs, industriels et particuliers). Il ne s'agirait pas d'une grande messe (pour noyer le poisson?) mais d'une première rencontre pour d'abord partager le constat de la situation et cerner les enjeux pour l'avenir. A charge pour les collectivités et les différents usagers de l'eau de s'impliquer et de travailler les solutions qui s'imposent. 

    Car les problèmes soulevés au Forum Mondial se rencontrent ici aussi en Aveyron ou dans nos communes, et chacun est concerné à sa manière : les agriculteurs (on ne va pas rappeler la catastrophe que fut la campagne 2011), les consommateurs (qui voient grimper leur facture), les pêcheurs, (quelques jours après l'ouverture, qui n'a pas entendu l'un deux se désoler devant des cours d'eau toujours plus bas ?)....

    Toutes ces questions méritent une réflexion commune, que l'association Canopée a déjà tenté de lancer avec une conférence-débat sur la gestion de l'eau le 28 juin dernier. Mais il ne faut pas s'arrêter là. C'est en revenant régulièrement sur le sujet que chacun pourra nourrir sa réflexion et que des mesures concrètes pourront être prises. 

    En parlant de l'eau, je ne souhaite ni montrer du doigt ni stigmatiser. 

    Même si dans l'Aveyron, la situation est loin d'être aussi dramatique qu'en Bretagne, une évolution des pratiques agricoles vers des cultures moins consommatrices en eau, vers des cheptels plus réduits est possible; elle est d'ailleurs évoquée par une partie de la profession à chaque retour d'épisodes de sècheresse. Mais il serait alors légitime de s'interroger sur la manière d'en gérer les conséquences (bonnes & mauvaises) sur l'ensemble de l'économie locale; c'est pourquoi de tels sujets méritent un réel débat. Tout comme le projet de création de plusieurs centaines de lacs colinaires à travers le département, ce qui ne serait pas sans impacts (à évaluer) sur nos ruisseaux.

    Autre sujet qui intéresse en premier chef les consommateurs : la qualité et le prix de l'eau potable. La question d'une tarification sociale et "dissuasive" reste à réfléchir; en suivant l'exemple de la commune du Séquestre près d'Albi ?. Question qualité, l'Aveyron n'est pas mal placé, si l'on en croit le Bilan de la qualité de l'eau au robinet du consommateur vis-à-vis des pesticides en 2008.  

    Mais il faut être prudent, comme le souligne une étude de 2010 du WWF sur la "Gestion de l'eau en France et la politique agricole" qui assure que si les mesures prises au niveau local permettent d’améliorer la qualité de l’eau potable sur le critère des pesticides, cela ne traduit pas une amélioration de la qualité des eaux brutes. En effet la qualité de l’eau potable est améliorée essentiellement par des procédés curatifs et non préventifs, comme l'ont d'ailleurs souligné trois rapports de la Cour des Comptes : fermeture de captages non conformes, raccordement, mise en service, pour  les plus grosses Unités de Distribution, de stations de traitement des pesticides... 

    "De plus, il faut attendre plusieurs années avant de pouvoir identifier les effets de la migration des substances polluantes rejetées en surface vers les nappes d’eau", souligne le rapport. Se fondant sur les rapports de la Cour des Comptes et celui du Conseil d’Etat (juin 2010),  ce rapport met aussi l'accent sur le coût faramineux de la dépollution et du traitement des eaux, et le fait que ce sont les petites communes et les ménages qui payent la facture, en contradiction avec le principe du pollueur-payeur.

    Enfin, l'existence d'une réelle instance de débat sur l'eau permettra aux riverains de ne plus être mis devant le fait accompli, comme ces habitants de Saint-Paul-des-Fonts, dans le sud du département, qui ont vu fin octobre l’eau de la rivière prendre une drôle de couleur. C'est ainsi qu'ils ont appris que  des essais étaient effectués pour suivre le trajet des rejets de la station d’épuration du Viala-du-Pas-de-Jaux

    Pour les dubitatifs de la concertation ou de la pertinence de cette démarche de "Forum de l'Eau en Aveyron", je renvoie à l'excellent travail démarré en 2004 sur le bassin du Viaur par le Syndicat Mixte et son président Yves Regourd… On se prendrait à rêver qu'une telle démarche fonctionne à l'échelle aveyronnaise… 

     


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